Séminaires de bien-être et management des "ressources humaines"

Modifié par Estelledurand

On pourrait être tenté d'attribuer au management dit du "bien-être", parfois prôné comme un "art de vivre heureux au travail", une parenté avec les sagesses antiques.

S'il paraît légitime que des salariés puissent aspirer à de bonnes conditions de travail et que des organisations (administrations ou entreprises) tentent de développer des moyens pour établir de telles conditions autant que possible, la filiation des idées de "management du bien-être" ou de "bonheur au travail" avec les sagesses antiques est contestable.

Il y a plus généralement une difficulté philosophique à vouloir appliquer de cette façon à l'expérience du travail la notion de bonheur, ici confondue avec l'idée de bien-être.

La finalité d'un tel "management du bien-être" est en effet la même que celle de tout management : favoriser l'accroissement de la productivité du travail. De ce fait, la notion de "bonheur" au travail est envisagée, non comme une fin, mais comme un simple moyen au service de cet accroissement.

En outre, on observe que, paradoxalement, certaines pratiques de "management du bien-être" sont susceptibles d'avoir de graves incidences sur les individus, aboutissant au résultat exactement contraire, un mal-être, une souffrance, pour ne pas dire un véritable malheur au travail, par exemple :

  • lorsque le manager définit un "savoir-être" au travail auquel le salarié doit se plier pour être en conformité avec un code collectif de relations et de postures ;
  • lorsque le "contenu" de ce "savoir-être" est imposé aux salariés, par le détour de techniques de management variées (par exemple le team building), susceptibles de déposséder totalement les individus de leur subjectivité éthique.


Exercice : 

Visionnez les trois vidéos suivantes, puis rédigez une synthèse dans laquelle :

a) vous relèverez les finalités du "management du bien-être" ;

b) vous analyserez les différences fondamentales entre le "management du bien-être" et les sagesses antiques (stoïcisme et/ou épicurisme) ;

c) vous vous interrogerez sur la distance critique des salariés qui témoignent, à l'égard de cette question ;

d) vous analyserez en quoi de telles pratiques de "management du bien-être" sont susceptibles d'engendrer de nouvelles pathologies au travail ;

e) vous conclurez, en vous demandant ce que cette analyse nous apprend pour répondre à la question suivante : appartient-il à autrui de déterminer mon bonheur ?


Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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